Témoignage
Test d'effort au GRAF
Le 18/10/2021 par Floriane BURGY
Cathy (la maman du GRAF, Groupe Régional d’Alpinisme Féminin de Bourgogne Franche-Comté) est venue me rejoindre au CH de DOLE pour une épreuve d’effort.
Pourquoi faire une épreuve d’effort ? D’abord pour faire le point sur le plan médical avec un bilan médico-sportif et cardio-respiratoire. Ensuite pour évaluer les performances physiques de Cathy et la conseiller pour qu’elle améliore ses points faibles.
RDV Lundi matin 11h avec le Docteur BELIARD, mon chef en médecine du sport et physiologie de l’effort, et une infirmière du service de cardiologie du CH de DOLE.
Nous débutons par une brève consultation à la recherche de signes d’alerte de maladie cardio[1]respiratoire personnelle ou familiale mais aussi pour mieux connaitre ses habitudes sportives. Si besoin nous complétons par une prise de sang et autres examens complémentaires (échographie du cœur etc…).
Ensuite un électrocardiogramme est réalisé pour mesurer l’activité électrique du cœur (elle est branchée à 12 électrodes au total !). Rien à signaler pour Cathy, on constate juste qu’elle a un petit cœur musclé de sportive !
Avant de faire tourner les jambes, nous mesurons ses capacités respiratoires par une spirométrie : concrètement elle souffle le plus longtemps et le plus fort possible dans un tube. Il est recherché des signes de gènes respiratoires possibles à l’effort (obstruction bronchique, asthme…)
Le protocole du test est établi en fonction du niveau estimé du sportif pour atteindre de manière progressive son maximum physiologique : donc pour Cathy un échauffement sur le vélo à 60 Watts puis une augmentation de 20 Watts toutes les minutes !
Et la voilà harnachée avec contrôle permanent pendant et après l’effort de sa pression artérielle, son électrocardiogramme pour le cœur, et un masque pour mesurer les échanges gazeux des poumons (l’oxygène 02 inspiré et le dioxyde de carbone CO2 expiré).
L’effort commence, elle garde un bon rythme et tourne les jambes à 70 tours par minutes. Elle passe le seuil 1 ou « seuil aérobie » à 120 Watts et à une fréquence cardiaque de 130 battements par minutes. Ce seuil correspond au pallier d’adaptation ventilatoire : elle respire un peu plus fort que la normale mais peut tenir une longue conversation. Donc si elle souhaite s’entrainer en « endurance » elle peut s’entrainer au seuil 1 ; attention elle pourra tenir des heures et des heures à ce rythme !
La difficulté augmente, les jambes commencent à chauffer et la respiration s’accélère : Cathy passe le seuil 2 ou « seuil anaérobie » à 180 Watts pour 154 battements par minute. Ce seuil correspond au seuil de désadaptation ventilatoire. Autrement dit l’effort s’intensifie, elle se concentre sur sa respiration et ses jambes car son élimination de lactate devient maximale. En pratique cette intensité correspond à un travail intense de contre la montre à vélo de 30 à 60 minutes, c’est ce qu’on appelle le « travail au seuil ».
Elle ne lâche rien, nous visualisons sur l’ordinateur sa réserve respiratoire qui chute, puis qui est totalement épuisée, sa fréquence cardiaque qui commence à plafonner à son maximum, tous les voyants sont au rouge. Mais au GRAF on ne lâche rien et elle validera encore un gros pallier de 20 Watts pour atteindre une Puissance Maximale Aérobie (PMA) de 240 Watts avec une VO2max de 46ml/min/kg (volume maximal d’oxygène mobilisé par minute par kilogramme). C’est une belle performance pour cette Grafette endurante et teigneuse !
Elle pourrait encore s’améliorer en « retardant son seuil 2 » pour gagner en résistance : donc en faisant du fameux « travail au seuil » sous forme d’exercices dits de « fractionné » ou de « fartleck ». Elle décrit parfois une sensation de souffle court à l’effort qui n’est pas pathologique mais simplement une synchronisation entre son souffle et l’effort qui pourrait être encore optimisé. Elle pourrait progresser grâce à des exercices de respiration, de Yoga…
Bref pour conclure : vous êtes prévenus, Cathy est en forme et fera de beaux sommets cette année avec le GRAF (Groupe Régional d’Alpinisme Féminin de Bourgogne Franche-Comté)
Floriane BURGY (Interne Médecine du Sport)