Témoignage
Dans la peau d'un cobaye…pour le GRAF 3
Sortie : Camp d'été régional 2024 du 06/07/2024
Le 14/07/2024 par Sirvin Anne
(12 au 14 juillet 2024 – Camp d’été régional BFC)
Le GRAF (Groupement Régional d’Alpinisme Féminin), c’est cette magnifique initiative qui vise, depuis 2019, à favoriser la formation et donc la prise d’autonomie de femmes en alpinisme afin qu’elles deviennent à leur tour initiatrices. Un vrai et fort enjeu, donc. Il s’agit maintenant de la troisième promotion ; huit femmes des différents CAF de notre région, de différents profils, toutes passionnées, compétentes, en grande forme et rieuses. Elles sont sept pour cette session de formation, encadrées et encouragées par Florence Tonon, présidente du club de Besançon, et le guide jurassien, Benjamin Soufflot.
Dans le cadre du camp d’été régional de Bourgogne-Franche-Comté, organisé cette année en Haute Maurienne, proposition était faite par Florence d’une initiation à l’alpinisme aux débutants motivés. Mon rêve ! Et je semblais correspondre au profil puisque ce serait pour moi une première. Pas d’hésitation, je postule en n’étant pas totalement sûre d’être retenue car, vraiment, je suis novice, naïve, innocente (dans ce domaine, du moins !). Mon cas laisse un peu dubitatif…puisque je ne grimpe pas, n’ai pas tout le matériel (zut, mon casque ! ... Heureusement, Olivier m’en prête un sans hésiter, sympas les francs-comtois !), même si, avant de quitter Dijon, j’ai réquisitionné celui de mon entourage mais j’ai quand même la forme grâce à la marche nordique (Pub !) et de bonnes grosses randos depuis le début de l’été et, finalement, je suis acceptée. Je serai donc « le cobaye ultime » du groupe car les autres sont plus aguerris techniquement et même déjà initiés. Et en réalité, c’est bien de cela dont il s’agit, devenir…animal de labo, matériel pédagogique, puisque, pour les filles, c’est un exercice nouveau pour tester in vivo, toutes les dimensions de courses avec des débutants : calpiner et évaluer le temps, s’assurer des préparatifs, encorder et assurer au mieux, encourager et rassurer, prendre les bonnes décisions. Elles doivent, grâce à cela, passer un cap. Je me suis prêtée au jeu avec plaisir et dans une confiance totale et j’ai été gâtée. Des cordées de deux, une équipe tout entière attentive et un guide pour superviser le tout : Cobaye royal !
Partis du parking du barrage de Plan d’Amont sous une pluie battante (motivation !), nous sommes arrivés rapidement mais trempés au refuge de la Dent Parrachée. La météo plus clémente de l’après-midi a permis à Benjamin de nous fournir les bases indispensables : glissades, cramponnage, nœuds et encordement, progression en binôme, maniement du piolet… et aux membres du groupe de se rencontrer. Des explications précieuses (pour moi, indispensables !) et déjà quelques rires. Grâce à cela, j’étais tout à fait sereine…me connaissant bien, je sais que c’est rare.
Le lendemain, tous ponctuels, nous partons à 4h30 pour la pointe de Labby (3521m) via le lac du Génépy, course accessible aux débutants et variée qui nous permet d’approcher différentes techniques dans des conditions excellentes. C’est idéal !
Pour le troisième jour, c’est l’arête du Vieux Guide prolongée par la cime des Planettes qui a été retenue. Je suis prévenue qu’il y aura plus d’escalade et une descente en rappel mais bon…c’est ça la vie de cobaye ! Nous passons par le refuge du fond d’Aussois puis commençons la montée, assez ludique entre rochers et névés mais qui prend plus de temps que prévu. Une fois sur l’arête (qui vaut vraiment la peine ; quelle vue !), le groupe progresse aussi plus lentement que prévu et il fait très chaud. De mon côté, je suis impressionnée et bien consciente que ma technique est insuffisante malgré un parcours accessible mais, grâce à la qualité de l’encadrement, je reste toujours parfaitement en confiance. Benjamin, en pédagogue fûté, laisse beaucoup d’autonomie aux filles qui perçoivent bien que l’on tarde trop. Décision est prise, après le rappel, d’une réchappe qui nous permet de redescendre vers le refuge. C’est un peu frustrant pour ceux qui sont plus à l’aise que moi mais la maîtrise du temps, je l’apprends aussi, est une donnée essentielle.
Tout cela est ensuite débriefé par Benjamin et Florence. Les « grafettes » ont assurément beaucoup appris de cette sortie un peu moins idéale.
Nous avons fini par le pot traditionnel en terrasse sous un beau soleil avant de rejoindre les voitures…avec l’impression que c’était un peu trop tôt pour se séparer. Evidemment !
Quel bonheur ce fut d’être initiée, encouragée par ces femmes formidables ! Bonheur de la montagne, encore et toujours mais, cette fois, un peu plus haut grâce au GRAF, avec, intérieurement, la joie de la sororité. Mon féminisme sincère et profond (mais jamais agressif !) est comblé : je suis très fière d’elles. Cobaye épanoui ! Merci à Florence pour cette initiative si intelligemment conçue, merci à Benjamin pour sa compétence, son calme et son humour (malgré l’inertie de ce grand groupe), merci à Vanessa puis Aurélie pour leur aide toujours bienveillante et merci à toutes les autres pour leur enthousiasme et leur belle humanité perçue au fil des échanges. Merci enfin à mes compagnons cobayes, Maryse, Anne-Cécile, Elisabeth, Lionel, Samuel et Guillaume qui ont contribué au plaisir de cette expérience.
Pour la suite, recommencer dès que possible, bien sûr…comment faire autrement ?
Mais avec un peu plus d’assurance en escalade, c’est indispensable car je n’aurai pas toujours mes anges gardiennes à portée de corde.
Anne
Si je vous ai donné envie de connaître un peu plus nos grafettes, Vanessa, Lydie, Gladys, Eurielle, Isaline et Aurélie, suivez ce lien ; elles s’y présentent dans de beaux textes qui les reflètent bien.
https://www.ffcam.fr/graf-promotion-2023-2025.html